Gallimard-Flammarion, la messe édite | Trama Editorial

Gallimard-Flammarion, la messe édite

Livres. En rachetant la  maison vendue aux italiens en 2000, l’éditeur de la «blanche» devient le troisième groupe français.

 

por Frédérique Roussel

Libération

 

Un petit empire. Via le mariage cohérent de deux maisons complémentaires. Le tableau paraît idyllique, il y a peu à redire. Gallimard devient le troisième éditeur français derrière Hachette Livre et Editis, en rachetant Flammarion, qui était passé sous pavillon italien depuis près de douze ans. Les négociations exclusives entre RCS Mediagroup, le groupe de presse et d’édition italien propriétaire, et Gallimard couraient depuis le 22 mai et le retrait d’Albin-Michel. On devait discuter ferme sur le prix.

Giron. La nouvelle est tombée mardi soir, sous la forme d’un communiqué du groupe italien. RCS Mediagroup, qui détient aussi l’éditeur Rizzoli, le quotidien Corriere della Sera, le journal sportif la Gazzetta dello Sport et le journal espagnol El Mundo, dit accepter l’offre du patron français de racheter Flammarion à hauteur de 251 millions d’euros. Le groupe Gallimard, qui a confirmé la transaction dans un communiqué, rectifie que «le prix d’acquisition s’élèverait à environ 185 millions d’euros», après déduction de la dette de Flammarion et des intérêts minoritaires. Manière pour Antoine Gallimard de minorer le montant déboursé, en deçà de 200 millions ?

C’est en tout cas le retour dans le giron français de Flammarion. En 2000, Charles-Henri Flammarion, juste après avoir acheté le belge Casterman et pris une participation dans Actes Sud et les PUF, caressait l’idée d’une alliance avec Rizzoli-Corriere della Sierra, avant de finalement lui céder le groupe familial pour 156 millions d’euros, en éloignant le casse-tête de la transmission de ce patrimoine. Un «indé» de l’édition française franchissait le rubicon. Dans le secret le plus total. L’annonce avait fait l’effet d’une bombe, tombée aussi un mardi, en pleine Foire de Francfort. Le carré des indépendants se réduisait.

Au vu du montant de l’offre mise sur la table par Gallimard aujourd’hui, c’était «une opération exceptionnelle, estime Jean-Clément Texier, banquier conseil indépendant qui travaillait alors avec Rizzoli. Je suis heureux de voir qu’on ne s’est pas trompé au vu de la nette plus-value». Une belle valorisation, selon lui, qui montre que le secteur de l’édition résiste encore.

Flammarion, dirigé par Teresa Cremisi depuis 2005, est vendu après deux très bonnes années marquées par le Goncourt 2010 à Michel Houellebecq pour la Carte et le Territoire, le succès du régime Dukan et les ventes de Tintin dopées par la sortie du film de Spielberg fin 2011. En onze ans, les Italiens ont rationalisé une maison familiale un peu poussiéreuse en serrant les boulons, en infusant une plus grande rigueur de gestion et en renforçant les exigences de rentabilité. Endetté à hauteur de 980 millions d’euros après une lourde perte de 322 millions en 2011, en recherche de cash, RCS Mediagroup savait qu’il mettait en vente en janvier une petite perle. L’opération prendra définitivement effet après la procédure de consultation des élus du groupe Flammarion et l’approbation des autorités de la concurrence.

En puissance, Madrigall, la holding qui chapeaute Gallimard, fait figure désormais de troisième groupe français, doublant son chiffre d’affaires avec un poids d’un demi-milliard d’euros. «Le phénomène de concentration se poursuit dans l’édition, relève Bertrand Legendre, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-13. Et dans le paysage, cette hypothèse paraissait comme la meilleure.»

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